"La fraîcheur d'une cascade dans un continuel bruissement d'eau, aérée par la lumière qui la pénètre".
C'est le jeu des esprits de la lumière et de la chaleur se fondant en cette limpidité de l'eau, l'éthérisant, la volatilisant. Cette caractéristique eau-lumière se retrouve dans le parfum de
fraîcheur citronnée qui imprègne toute la plante.
Découvrez ci-dessous la présentation de la Verveine par l'un de nos producteurs installé depuis plus de trois décennies dans
le Périgord (sud-ouest de la France).
La Verveine, de la famille des Verbénacées, nous offre peu de ses représentants sous nos climats, à part la Verveine officinale. Elle a besoin d’un terroir très spécifique : un sol bien profond, avec un bon humus, frais, mais où l’eau ne stagne pas au niveau des racines. Ce terroir bien drainant doit être animé par la lumière cosmique, le soleil et la chaleur. La Verveine supporte difficilement les printemps humides ainsi que les hivers humides et froids : si elle gèle dès -7°C, elle craint plus l’excès d’humidité que le froid, lorsqu’elle n’a plus de feuilles pour évaporer l’eau en surplus. Ne pas la pailler, mais la recouvrir d’un fin voile laissant passer l’air pour la protéger. Elle craint également la sécheresse, ayant besoin de terrains toujours frais l’été (obligation d’arroser la culture). La Verveine réagit très fortement à la moindre erreur de sol ou de culture, et montre alors sa sensibilité aux attaques parasitaires (araignées rouges si la chaleur est trop forte, pucerons si le sol est trop riche en fumure…).
Originaire d’Amérique du Sud, la Verveine ne forme pas en principe de graines sous nos climats. Toutes les Verveines cultivées en France sont issues de boutures du même pied-mère durant des années, ou bien de boutures de boutures. Dans les deux cas, on obtient des clones, c'est-à-dire que le génotype de ces plantes est toujours le même, et qu’elles s’expriment de la même façon : aspect extérieur, couleur, forme des feuilles, arôme, tout est quasi identique. Ces Verveines issues de boutures ont été sélectionnées, vraisemblablement, pour leur richesse en citral, l’un des composants de leur huile essentielle. Elles ont un goût citronné, plus ou moins "terrestre" ou "élevé", en fonction des conditions de terrain, de culture, et donc du jardinier !
Les jeunes boutures des "pieds-mères" sont placées à l’ombre sous une humidité et une chaleur constantes. Leur enracinement est surveillé attentivement. Les jeunes boutures sont brumisées 3 à 4 fois par jour pendant au moins une semaine, et protégées sous une ombrière (s’il fait trop chaud) ou un voile de forçage (s’il fait trop froid). Au bout d’une dizaine de jours, ces boutures racinent. Elles sont repiquées en plaques alvéolées, jusqu’au mois de mai où elles seront repiquées en pleine terre.
Une fois repiquée en pleine terre, pour peu que le milieu s’y prête, la pousse de la Verveine peut être rapide. La plante est très structurée. La tige, qui peut atteindre 1.50 mètre de haut, ligneuse, rougeâtre et cannelée, est vigoureuse. Les feuilles sont implantées par 3 voire 4 par étage. Rattachées à la tige, de forme allongée, elles sont finement ciselées. Leur toucher est râpeux et peut même se révéler irritant. La réussite de la première taille est importante pour le pied de Verveine, qui doit accueillir la lumière. Chaque pied est taillé à l’image d’un bouquet, s’évasant vers l’extérieur.
Chaque pied est taillé individuellement au sécateur, ou mieux, à la faucille, en sectionnant les branches à la base et en séparant les belles tiges des petites qui iront en mélange. Il ne faut pas tarder à porter les Verveines au séchoir, car toute la plante fane facilement. Les tiges doivent être bien rangées, toutes dans le même sens pour ne pas abîmer les feuilles (ce qui se passerait si les feuilles étaient enchevêtrées). Deux coupes successives sont possibles dans la saison.
Le séchage est rapide mais demande un contrôle constant de l’hygrométrie. Dans les conditions optimales, une récolte de feuilles de Verveine met 30h. à sécher, perdant plus de 5 fois son poids frais. De 3.5 il ne restera plus que 400g de feuilles sèches !
D’ordinaire, ce sont les branches entières qui sont amenées au séchoir et c’est seulement à la fin de la dessiccation, que d’un geste sûr et précis, les feuilles sont séparées de la tige.
Mais pour notre Herboristerie, l’effeuillage se fait à l’état frais, juste après la coupe au sécateur. Cette méthode bien plus lente, évite que les sèves de la feuille ne retournent dans la tige durant le séchage, tout en permettant de conserver intacte la riche palette des arômes.
Cette façon de faire ménageante, se reconnaît aisément par la torsade que prend la feuille et surtout le petit «tortillon» à la base du pétiole, au niveau de l’attache de la tige.
À titre indicatif, lors de la 1ère année de vie de la Verveine, il faut compter 195 heures de travail pour obtenir 60 kg de feuilles prêtes à la consommation. Dès la deuxième année, l'obtention de 104 kg de Verveine effeuillée nécessite 312 heures de travail.